16 juillet 2006

16/07/2006 05:00

 

05h00

Ce matin, la journée commence encore plus tôt que d’habitude, et ce n’est pas pour nous déplaire !! Si nous nous levons à 5h, c’est pour surprendre les animaux à l’aube. Les nocturnes ne se sont pas encore couchés et les diurnes commencent à s’éveiller. Le moment idéal pour un moment d’intimité avec la faune sauvage du Tsavo. D’ailleurs, l’intimité semble nous entourer dans cette réserve. Tandis que les autres parcs représentaient plus ce que l’on imagine d’un safari, avec des plaines à perte de vue, des lacs immenses, de la brousse peuplée de grands troupeaux… cette réserve, bien qu’étant une des plus vastes du Kenya, m’a donné constamment une impression d’enfermement. L’herbe y est plus haute que dans les grandes plaines, le terrain est très accidenté, jonché de crevasses, plateaux, petites montagnes, termitières géantes et terriers creusés dans des monceaux de terre. Les arbres sont fréquents, pas assez denses pour donner une forêt, mais trop proches pour délimiter des plaines. Les animaux mêmes semblent vivre leur vie chacun de leur côté, et c’est toujours seuls ou par petits groupes que nous les avons croisés.

Dans ce parc, la diversité ne manque pas, à en juger par le défilé d’antilopes différentes que nous avons rencontrées. D’abord une paisible antilope, peut-être un hippotrague, qui n’a même pas relevé la tête de son repas broussailleux pour se laisser prendre en photo. Plus loin une femelle impala a quand même daigné nous jeter un regard. Au pied d’une butte de terre noire, trois bubales, de grandes antilopes brunes, ont levé la tête en même temps, dans la même position, comme s’ils ne fonctionnaient que comme un seul individu. Entre temps, nous avons osé déranger le roi de la savane. Un lion solitaire faisait tranquillement sa sieste caché, plus par désir de tranquillité que par besoin de sécurité, dans des herbes qui avaient exactement la couleur de son pelage. Le fauve s’est levé, comme exaspéré par notre curiosité, nous a tourné le dos et est parti d’une démarche nonchalante, sans doute pour retourner s’affaler plus loin des chemins de touristes. Sur la route du retour, nous nous sommes arrêtés devant un monticule de terre rouge qui laissait dépasser deux oreilles d’un petit renard, peut être un otocyon.

Quand nous sommes revenu aux lodges, un peu avant 7h, le safari n’était pas terminé. Un immense troupeau de buffles avait choisi le point d’eau artificiel pour se désaltérer. Nous nous sommes donc précipités dans l’observatoire souterrain pour avoir une vue imprenable sur ces bovidés de la savane, qui amenaient avec eux quelques petits, nés dans l’année. Le jour était alors complètement levé, et le flash ne gênait pas les animaux. Nous étions à la hauteur de leur tête quand ils la penchaient pour se désaltérer. Certains nous jetaient des regards curieux, mais aucun ne semblait être effrayé par notre présence, pas même les nouveaux-nés. Sur pratiquement chaque animal était posé un oiseau pique-bœuf, nettoyeur personnel de l’hôte, qui se nourrit des insectes et parasites cachés dans son pelage. Encore une fois, on ne peut que s’émerveiller devant ce parfait équilibre où chaque créature occupe un rôle précis et indispensable.

 

14h00

Après avoir pris notre petit déjeuner ce matin, nous avons de nouveau bouclé bagages et sommes remontés en voiture. En route pour notre destination finale : Mombassa, ville importante du Kenya bordée par l’océan indien. Comme à leur habitude, les routes du Kenya, très accidentées, nous secouent dans tous les sens. Et ce n’est pas le chauffeur qui va arranger les choses. Il n’a pas l’air de se soucier un temps soit peu de l’état dans lequel il va nous déposer, du moment qu’il suit son timing qui semble assez serré. Ce n’est pas ça qui va nuire à notre bonne humeur, et nous en profitons pour entonner la chanson de Yannik Noah avec ses paroles fort bien placées : Saga Africa, ambiance de la brousse, attention les secousses !! L’hôtel du Tsavo nous avait donné chacun un carton pique-nique car la route devait être longue. Le guide nous fait comprendre (il parle anglais) qu’on peut manger dans le 4x4 car il n’a pas l’intention de faire une pause-repas. D’ailleurs, la communication est assez difficile avec le chauffeur. Maman essaie de lui demander de s’arrêter dans un village où il y aurait une infirmerie ou un petit hôpital, car elle a ramené du matériel médical, seringues et autres, ainsi que des médicament spécial survie en Afrique, qui ne nous ont pas servi pendant le voyage mais qui pourraient servir dans des endroits où les moyens manquent pour se soigner correctement. Finalement, nous les déposerons à l’hôtel. De même que le pique-nique : impossible de manger dans une voiture qui secoue presque autant que des montagnes russes.

C’est donc le ventre vide que nous arrivons dans notre hôtel Travellers de Mombassa, vers 14h. L’hôtel a quatre étoiles et il les mérite ! Quand nous arrivons, nous sommes exténués par cette semaine forte en émotions. Papa et maman s’occupent des trucs administratifs pendant que nous essayons de faire parler le perroquet devant l’accueil. En vain. Puis des employés prennent toutes nos valises et nous demandent de les suivre. Nous avons, comme souvent, deux chambres séparées. Une pour les parents et une pour les enfants ! Dans chacune, il y a une salle de bain, deux lits et une télé !! Pas de chance, dans la notre il n’y a qu’une moustiquaire pour la nuit. Bien sur, on prend quotidiennement un traitement contre le paludisme, mais des piqûres ne sont jamais agréables. On tire à la courte paille, et Camille gagne. Au moins ça fera un sujet de taquinerie quand mes bras et jambes ressembleront à des clafoutis aux cerises. C’est enfin le moment de calme qu’on attendait. On en profite pour se rassasier en toute tranquillité, et on prend une bonne douche régénératrice avant de partir un peu à la découverte du reste de l’hôtel.

Au centre du bâtiment, il y a une grande piscine. Celle-ci se poursuit à l’intérieur jusqu’à l’accueil, en passant devant de nombreux bars. On peut littéralement boire un verre en terrasse en étant dans l’eau. L’hôtel en lui-même semble immense mais vide. Durant les deux jours suivant, on aura pratiquement la piscine pour nous tous seuls. Autour de la piscine, à l’extérieur, il y a des transats et des tables où on peut manger. Une sorte de hutte propose cocktails et nourriture. Plus loin de la piscine, il y a encore des transats mais cette fois sous des palmiers géants. Autant dire que lorsqu’on s’allonge avec ces arbres au-dessus de nos têtes, on a du mal à croire qu’on parcourait le matin même la savane africaine ! On se croirait plutôt sur une île paradisiaque… D’ailleurs, il suffit de parcourir quelques mètres de plus pour arriver au bord de la mer. Plage de sable blanc, eau à perte de vue, et l’émotion de voir pour la première fois l’océan indien. Pour l’instant, on ne descend pas marcher le long de la plage. On verra ça demain, d’autant que le temps commence à se gâter. Une sieste s’impose !

Le soir, nous allons manger dans le restaurant de l’hôtel, et nous sommes un peu surpris qu’il y ait autant de monde. Finalement, nous ne sommes pas seuls dans cet hôtel ! Mais un petit coup d’œil par une fenêtre nous apprend qu’il y a une autre piscine… Décidément… Comme toujours, nous sommes accueillis par des Jambo (bonjour swahili) et Karibu (bienvenu). Puis nous sommes traités comme des rois. Ils nous amènent à une table, nous tirent la chaise et la repoussent au moment où on s’assoit, et s’assurent pendant tout le reste du repas que nous ne manquons de rien. C’est toujours le système du buffet à volonté, où nous nous servons de ce qu’il nous plait, avec un choix insensé. Si nous avons évité les crudités pendant tout le séjour (pour éviter d’avoir la turista car nos bidons ne sont pas habitués à l’eau avec laquelle ils ont été lavés), cette fois nous ne pouvons résister ! Avec un dessert comme toujours fruité à volonté ! Et c’est avec un bidon bien bedonnant que nous allons le soir nous coucher, sous des coups de tonnerre et une averse qui ne nous rassurent pas quant aux activités du lendemain.