Le lion (Panthera leo)

 

        Une crinière d’or et d’ébène, une puissance hors du commun, un rugissement pouvant s’entendre jusqu’à 5 km… Le Lion porte bien son surnom de Roi de la Savane. Pourtant ce roi déchu voit peu à peu son royaume se détruire. Loin est le temps de ses glorieuses conquêtes, où son ancêtre le lion des cavernes régnait jusqu’au sud-est de l’Europe… Si ce fauve peut encore prétendre à son titre de monarque, ce n’est seulement que dans les parcs nationaux qu’il peut assurer sa dominance sur la faune africaine.

    Tueur impitoyable ou espèce fragile et sensible à l’équilibre naturel de son espace vital ? Longtemps une mauvaise connaissance a entraîné de la peur envers lui, ce qui a conduit à sa destruction, soit pour se protéger, soit pour montrer sa bravoure à abattre cette créature surpuissante. Tué pour le plaisir, tué pour sa fourrure, tué pour des trophées, tué par vengeance, tués par protection, décimé par la conquête de l’homme sur son territoire… Petit à petit ce roi s’efface. Arrêtons un instant le temps pour connaître un peu mieux ce merveilleux animal, avant que l’homme n’ait finalement raison de lui…

 Le lion, chaînon du règne animal

 

        Le lion est un mammifère qui fait partie de l’ordre des carnivores, et de la famille des Félidés. Il appartient au genre Panthera, qui réunit les « grands » félins, comme le tigre ou le léopard, et qui se distingue des autres genres de Félidés, hormis par la taille, par la capacité de rugir ainsi que divers caractères anatomiques et comportementaux.

    On distingue plusieurs sous-espèces de lions, dont deux ont disparu : le lion d’Atlas (Panthera leo leo) et le lion du Cap (Panthera leo melanochaita).

 

        Le lion, comme toutes les autres espèces animales, joue un rôle primordial dans l’équilibre de son système naturel. Dans les parcs africains, on compte environ un lion pour 300 Ongulés (les animaux qui marchent sur les ongles, c’est à dire qui possèdent des sabots, comme les zèbres, les antilopes, les buffles…). Le lion contribue à limiter les populations de ses proies. Néanmoins, le prélèvement ne met jamais les proies en danger de disparition, puisqu’il est compensé par la reproduction. De plus, lorsque les proies se font rares, comme dans les périodes de sécheresse, les lions augmentent la taille de leur terrain de chasse, évitant ainsi de décimer toute une population de proies à un endroit donné.

    Les lions ne sont pas uniquement reliés à leurs proies mais font partie d’un réseau trophique (ou chaîne alimentaire) très complexe. En effet, chaque facteur a son importance : depuis la végétation qui nourrit ses proies jusqu’aux mouches tsé-tsé qui peuvent les éliminer, en passant par les hyènes et autres prédateurs qui volent volontiers leur nourriture aux lions ou sont capable de tuer leur petits. Même une fois mort, un animal contribue au réseau en nourrissant les nécrophages (qui se nourrissent d’animaux morts) qui eux-même seront inclus dans la chaîne et dont une partie de l’énergie sera sans doute consommée par un autre lion. Dans la nature, au delà de la loi du plus fort, tout est lié.

 Un prédateur organisé

 

        Le lion, comme tout bon félin qui se respecte, possède des caractéristiques adaptatives indispensables pour chasser efficacement : une vue excellente, une ouïe très fine, un bon odorat, des griffes rétractiles, une mâchoire puissante aux dents pointues et une très bonne organisation dans ses parties de chasses.

    Son régime est varié et dépend en général de la faune locale ou de la spécialisation de chasse. On observe en effet certains clans entraînés à chasser certaines espèces et qui vont se concentrer sur celles-ci. Dans le cas des clans, ce sont les lionnes qui assurent la chasse. Mais les lions solitaires sont capables de se nourrir seuls. Parmi les proies les plus fréquentes, on peut citer les antilopes, les gnous, les zèbres, les buffles, et parfois de jeunes éléphants et des babouins. Le lion peut engloutir jusqu’à 35kg de viande d’un coup mais il peut aussi jeûner une semaine. En moyenne, on peut considérer qu’un lion adulte tue chaque année une vingtaine de grands ongulés.

 

     Dans le clan, ce sont les lionnes qui chassent. Elle commencent par s’approcher discrètement le plus près possible des proies, sans se faire repérer. Puis certaines les rabattent tandis que les autres lancent l’attaque. Leur vitesse peut atteindre 40 km/h, ce qui est moins que leur proies. Si au bout de 50m, elles n’ont pas réussi à rattraper la proie, elles abandonnent le plus souvent. L’effet de surprise est donc primordial.

    Une fois la proie tuée, le mâle vient prendre ce qu’on appelle la part du lion : c’est lui qui mange le premier. Les lionnes et lionceaux doivent attendre son accord pour approcher la carcasse.

La vie chez les lions

 

         Le lion est un animal social : il vit en clans de plusieurs femelles, souvent apparentées, avec un ou deux mâles. Si les femelles font toujours partie intégrante du clan, le mâle dominant peut en être chassé par un jeune mâle vagabond qui prendra sa place à la tête du clan. Quand un lion devient le dominant d’un clan, il n’est pas rare qu’il tue les lionceaux déjà présents pour pouvoir assurer plus vite sa propre descendance.

 

     En ce qui concerne la reproduction, les lions sont polygames, ce qui signifie qu’ils ont plusieurs femelles. Les lionnes entrent en chaleur pendant 2 à 4 jours tous les deux ans environ, ce qui correspond au sevrage de leurs petits. Lorsque le mâle a repéré à l’odeur (grâce à des phéromones) la femelle en chaleur, les éventuels autres mâles du clans ne chercheront pas à rivaliser. S’en suit une série de comportementaux spécifiques et des accouplements tous les quarts d’heure pendant un ou deux jours. La gestation dure en moyenne 110 jours.

 

Dans un clan, les femelles sont synchronisées, c’est à dire qu’elles mettent bas en même temps, car les lionceaux sont élevés par toutes les femelles du groupe. Nés à l’abris dans une cachette, les lionceaux rejoindrons le reste du clan à un ou deux mois. Les mâles quitteront le clan quand ils auront atteint l’âge adulte, alors que les femelles y resteront.

 

Le lion à travers la littérature

  •  Le Lion, de Joseph Kessel

Sans doute un des plus beaux livres que j'ai jamais lu. Une histoire d'amitié émouvante et magnifique entre un lion et une petite fille, dans les plus beaux décors du Kenya. L'histoire d'un voyageur qui débarque un jour dans une famille pas comme les autres, au coeur même d'un reserve naturelle. Un ouvrage où se mèlent sans contexte les sentiments les plus intenses. Que celui qui ne verse pas une larme en le lisant me le fasse savoir !

 

  Fasciné et seulement à demi conscient de mes gestes, je me penchai sur le mufle royal et, comme l’avait fait Patricia, j’effleurai du bout des ongles le triangle marron foncé qui séparait les grands yeux d’or. Un frisson léger courut dans la crinière de King. Ses pesantes babines frémirent, s’étirèrent. La gueule s’entrouvrit et les terribles crocs brillèrent doucement.